Comment l’aider à mieux gérer ses émotions sans exploser ?
« Dès que je lui dis non ou que les choses ne se passent pas comme il veut, mon enfant hurle, tape ou se roule par terre. Je me sens démunie face à ses colères. Que puis-je faire ? »
C’est une situation que vivent de très nombreux parents, surtout entre 2 et 6 ans. Ces « tempêtes émotionnelles » sont normales dans le développement de l’enfant : elles ne signifient ni qu’il est « capricieux », ni qu’il a un problème de comportement. Mais elles peuvent être déroutantes, fatigantes… et parfois épuisantes.
La bonne nouvelle ? Il existe des outils concrets pour aider votre enfant à mieux vivre ses émotions et à traverser ses colères avec plus de sérénité – pour lui comme pour vous.
Pourquoi les jeunes enfants se mettent-ils facilement en colère ?
Les jeunes enfants ont un cerveau encore en construction, notamment la zone qui permet de réguler les émotions, d’anticiper les conséquences et de faire preuve de recul (le cortex préfrontal). Lorsqu’une frustration surgit – un jouet cassé, un refus, une attente trop longue – c’est la zone émotionnelle qui prend le dessus. Résultat : l’enfant « explose », car il ne sait pas encore gérer la montée émotionnelle autrement.
Ce n’est donc pas de la mauvaise volonté : c’est un apprentissage à construire, tout comme apprendre à marcher ou à parler.
Comment réagir face à une colère ?
L’objectif n’est pas de supprimer les colères, mais de les accompagner pour qu’elles deviennent de moins en moins intenses, de mieux en mieux gérées, au fil du temps.
1. Mettre des mots sur ce qu’il ressent
Quand un enfant vit une émotion intense, il a besoin qu’on l’aide à la nommer. Cela l’aide à reprendre le contrôle de ce qu’il ressent :
-
« Tu es très en colère parce que tu voulais continuer à jouer et on doit partir. »
-
« Je comprends que tu sois frustré : c’est difficile de ne pas avoir ce qu’on veut tout de suite. »
Dire ces mots ne cautionne pas le comportement, mais montre à l’enfant qu’on le comprend, et qu’il a le droit de ressentir ce qu’il ressent.
2. Proposer des alternatives pour exprimer sa colère
L’enfant a besoin d’apprendre que la colère est une émotion acceptable, mais qu’il existe des manières plus sûres et plus efficaces de l’exprimer :
-
Frapper un coussin plutôt qu’une personne.
-
Dessiner sa colère (un bonhomme tout rouge, des éclairs…).
-
Faire un jeu symbolique pour « sortir » la colère (par exemple, faire rugir un lion ou secouer un doudou).
-
Utiliser un coin retour au calme avec une balle anti-stress, une bouteille sensorielle ou un sablier.
3. Enseigner des outils de gestion émotionnelle
Avec le temps, votre enfant peut apprendre à utiliser des stratégies de retour au calme :
-
Respirer profondément (inspirer par le nez, souffler comme pour éteindre une bougie).
-
Compter jusqu’à 10.
-
Se retirer dans un coin tranquille avec un objet apaisant.
-
Fermer les yeux et penser à quelque chose qu’il aime.
Ces outils doivent être présentés hors de la crise, sous forme de jeu, pour qu’ils soient intégrés peu à peu.
4. Anticiper les situations de frustration
Prévoir ce qui pourrait déclencher une crise permet à l’enfant d’être mieux préparé :
-
« Nous allons au magasin, mais aujourd’hui, on ne prendra pas de jouet. Que pourrais-tu faire si tu es déçu ? »
-
« On va bientôt éteindre la télé. Tu veux choisir entre finir ce dessin animé ou en regarder un court ? »
Donner le choix entre deux options possibles ou poser des règles claires à l’avance limite les dérapages.
5. Garder votre propre calme
C’est peut-être le plus difficile… et le plus puissant. Un adulte calme transmet à l’enfant un modèle de régulation : « Même quand tu cries, moi je reste posé. » Cela ne veut pas dire tout accepter, mais poser un cadre ferme et rassurant sans s’emporter :
-
« Je ne te laisse pas me taper. Tu as le droit d’être en colère, mais pas de faire mal. »
-
« Je suis là. Je vais t’aider à te calmer. »
Est-ce que ça fonctionne vraiment ?
Oui, mais ça prend du temps. Apprendre à gérer ses émotions est un apprentissage de longue haleine, qui peut durer plusieurs années. Certains enfants ont besoin de plus de soutien que d’autres, surtout s’ils sont très sensibles, anxieux ou en période de transition.
La constance, la patience et l’empathie sont les meilleurs alliés de cet apprentissage. L’important est de tenir bon dans le cadre, sans basculer dans la punition brutale ni dans le laxisme.
En résumé : que peut-on faire concrètement ?
-
Mettre des mots sur les émotions (« Tu es déçu, tu voulais… »)
-
Apprendre des outils de retour au calme (respiration, coin apaisant)
-
Offrir des alternatives expressives (dessin, mouvement, jeu symbolique)
-
Préparer les situations à risque (transitions, refus)
-
Être un modèle de calme et de régulation
Une dernière note d’encouragement
Les crises de colère ne sont pas des échecs éducatifs. Elles sont des opportunités d’apprentissage. À travers elles, votre enfant construit ses compétences émotionnelles… avec vous comme guide de confiance.
Et si les colères vous débordent vous aussi ? N’hésitez pas à chercher du soutien auprès d’un professionnel de la petite enfance, d’un pédopsychiatre ou d’un atelier parental. Être accompagné, c’est aussi prendre soin de votre propre régulation.